La perle du golf

L'île

Difficile pour moi de parler de l'île d'Anticosti sans m'égarer et écrire des ressentis qui probablement ne parleront qu'à moi-même.

Cependant, il est important pour moi d'écrire ce que cette île, perdue dans le golf du Saint-Laurent, m'a apporté.

Tout d'abord, la vision de ce que pourrait être notre monde, si la démographie laissait encore un peu de place au monde sauvage. Là où l'étalement urbain et la constante présence humaine viennent parfois parasiter des tableaux qui à première vue paraissent vierges de toute trace. Ici, je parle de la société de manière plus globale, et non pas uniquement de la belle province. Fort heureusement, au Québec, cela ne prend que quelques heures pour se retrouver complètement seul si on le souhaite.

Là-bas, les rôles sont inversés. La faune y est prédominante et c'est l'homme qui devient discret. Même s'il y a du tourisme et de l'aménagement qui favorise la découverte de ce territoire, mais nous sommes bien loin d'une accessibilité comme dans les parcs nationaux sur le continent. Déjà, le budget pour s'y rendre et rester quelques jours n'est pas le même. Je me considère donc très chanceux d'avoir pu découvrir le peu de choses que l'île a bien voulu me montrer. Un littoral magnifique parsemé de plage et de falaises abruptes. Des hauts-fonds qui rendent l'eau d'un bleu éclatant et hypnotisant. Mais bien évidemment sa géologie si particulière qui laisse place à toutes sortes de découvertes. Des chutes d'eau atypiques et des canyons vertigineux où il n'est pas rare d'observer une multitude de fossiles.

C'est cette richesse, certaine qui en fait un endroit absolument unique et incroyable qu'il fallait protéger. (enfin inscrite au patrimoine de l’UNESCO, comme annoncé le 19 septembre 2023)


Pour ce qui est de la Faune, je ne m'attendais pas à faire d'aussi belles rencontres. L'île a été généreuse en m'offrant des spectacles que j'avais rarement observés sur le continent. Mais en étant plongé à ce point dans cette nature, cela devient finalement le quotidien. On s'habitue à observer la déambulation des cerfs de Virginie sur la plage. À observer les pygargues à tête blanche le long des rivières. Et par-dessus tout à vivre au rythme de cette nature. Le retour en ville n'en est que plus brutal. Une forme de déprime m'a d'ailleurs touché à la suite de mon mandat. Je n'arrivais plus à aimer être en nature en ville. Il me manquait quelque chose, il y avait trop de présence humaine. Si bien que j'ai littéralement arrêté d'aller dans les endroits que je fréquentais d'habitude. Et quand j'y allais, c'était tôt le matin pour être sûr de retrouver cette quiétude qui me manquait.


Je ne sais pas si j'y retournerai. Mais j'y retourne parfois en me replongeant dans mes souvenirs. Il y a eu un avant et un après. Et cette expérience a fortement impacté ma manière de percevoir la photographie animalière ici ...

Le géant de glace